La mort du retraité

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« Le gouvernement d’occupation Tsolakoglou a littéralement anéanti tous mes moyens de subsistance, qui consistaient en une retraite digne, pour laquelle j’ai cotisé pendant 35 ans, (sans aucune contribution de l’État). Mon âge ne me permet plus d’entreprendre une action individuelle plus radicale (même si je n’exclus pas si un grec prend une kalachnikov d’être le premier à le suivre), je ne vois plus d’autre solution qu’une mort digne, ou sinon, faire les poubelles pour me nourrir. Je crois qu’un jour les jeunes sans avenir prendront les armes et iront pendre les traîtres du peuple, sur la place Syntagma, comme l’ont fait les Italiens avec Mussolini en 1945, ( Piazza Loreto, à Milan)».

Dimitris Christoulas, 4 avril 2012

C’est ainsi que le pharmacien retraité Dimitris Christoulas explique son geste politique, un suicide d’une balle dans la tête, en plein jour, sur la place centrale de Syntagma devant le Parlement à Athènes. C’est sur cette place qu’il avait participé à de nombreuses manifestations, en homme engagé depuis toujours. Il avait aussi pris part activement aux manifestations des Indignés en mai – juin 2011.

Son acte était destiné à porter un message politique, dans la lignée du suicide de Mohamed Bouazizi le 4 janvier 2011 à Ben Arous, le vendeur ambulant tunisien dont l’immolation a entraîné le printemps Arabe en Tunisie.

Sa mort a donné lieu à d’importantes manifestations à Athènes et à Salonique. Précédant de peu les élections de mai et juin 2012, elle a su porter à l’étranger le message de détresse du peuple grec confronté à des mesures d’austérité iniques.

(Le général Georgios Tsolakoglou, signataire de l’armistice avec les forces allemandes, fut le premier chef de gouvernement grec sous l’Occupation, nommé par les nazis (30/04/1941-02/12/1942). Son nom en Grèce est synonyme de « collaborateur ».)