Les conséquences de l’austérité sur la santé publique
En province en particulier, la majorité des Grecs n’ont jamais eu un bon accès aux services de santé de première urgence, ils se dirigeaient donc traditionnellement vers les structures privées.
Faute d’argent, les malades se tournent désormais vers le système hospitalier public qui reçoit de plus en plus de monde alors même qu’il subit lourdement coupes et restrictions. En conséquence, les temps d’attentes pour les examens médicaux les plus simples et les opérations chirurgicales se sont allongés. En province, nombreux sont les exemples dramatiques de jeunes personnes qui meurent à cause de soins banals mal assurés ou pas assurés à temps.
La conclusion de Sofia Tzitzikou est amère : « Depuis 2010, sous l’influence des memoranda – et de manière croissante – l’État grec s’est déchargé de ses responsabilités en matière de soins. Les politiques de santé reposent désormais sur les épaules de bénévoles, de structures solidaires comme la nôtre, chose inadmissible pour un pays européen développé et autrefois bien administré. L’État doit assurer ses responsabilités de service public et de prestations de santé de haut niveau. Il est intolérable qu’un habitant de ce pays, étranger ou Grec nécessitant des soins, soit obligé de recourir à un dispensaire solidaire pour se soigner et à des médicaments d’occasion, pas périmés mais d’occasion.
Quel avenir pour la santé en Grèce ? Ce qui se passe désormais ici est illégal. Nous fonctionnons en situation d’extrême urgence. Nous subissons une guerre économique, il y a des morts et des victimes. Nous ne voulons pas nous institutionnaliser mais dans cette situation d’extrême urgence, notre structure répond à des conditions de guerre sociale. »
Ce jugement sans appel est renforcé en juillet 2015 par un bulletin d’information du Dispensaire social Mitropolitiko d’Elliniko, qui déplore l’aggravation prévisible de la crise sanitaire. « Avec le nouvel accord précurseur du troisième mémorandum de juillet 2015, le Gouvernement s’est engagé auprès des créanciers à réduire encore de 0,5 % du PIB les dépenses du Système Public de Santé (ESY), soit par rapport au PIB de 2014 une baisse de 933 millions d’euros. Ce qui signifie la totale destruction du Système de Santé Publique et annonce un isolement encore plus grand, non seulement pour les non-assurés (que le Gouvernement s’était engagé à aider) mais même pour les assurés sociaux. »